Aujourd'hui, je souhaite partager avec vous comment j’aide les élèves à développer leurs Compétences PsychoSociales (CPS).

·        Les CPS, kézako ?

1.   Définition

Les Compétences Psychosociales (CPS) sont reconnues comme essentielles au développement équilibré des enfants et des adolescents. Leur importance est soulignée par des organismes comme l'OMS, Santé publique France et le ministère de l'Éducation nationale, notamment dans des ressources pédagogiques comme celles d'Éduscol. Les CPS englobent un ensemble de compétences cognitives, émotionnelles et sociales qui permettent aux individus de mieux gérer leur vie quotidienne, de faire face aux défis personnels et sociaux, et de prendre des décisions éclairées dans divers contextes.

https://eduscol.education.fr/3901/developper-les-competences-psychosociales-chez-les-eleves 

https://www.santepubliquefrance.fr/competences-psychosociales-cps 

La recherche montre que les élèves qui développent ces compétences sont plus à même de :

• Gérer leur stress et leurs émotions, ce qui contribue à prévenir les comportements à risque.
• Entretenir des relations positives, essentielles pour leur bien-être et pour créer un climat de classe sain et inclusif.
• Prendre des décisions responsables face aux défis qu'ils peuvent rencontrer, que ce soit dans leur vie scolaire ou personnelle.

2.   Des impacts positifs sur la réussite scolaire et le bien-être :

D’après les dossiers d’Éduscol, intégrer les CPS dans l’enseignement participe directement au bien-être des élèves et a un effet positif sur leur réussite scolaire. Les élèves qui développent des CPS montrent une meilleure capacité d’attention, une attitude plus positive envers l’école et des compétences sociales plus affirmées, ce qui favorise la coopération et la gestion pacifique des conflits. En outre, un climat de classe apaisé et basé sur le respect mutuel permet de diminuer les incidents de violence scolaire et d'augmenter la motivation et la participation des élèves.

3.   Les CPS : des compétences pour la vie :

Les CPS ne sont pas seulement utiles en contexte scolaire ; elles sont également fondamentales pour la vie future des enfants. Selon Santé publique France, ces compétences agissent comme des leviers de prévention à long terme, réduisant les comportements à risque et favorisant des habitudes de vie saines. En les développant dès le plus jeune âge, les enfants acquièrent des outils pour naviguer les défis sociaux, professionnels et émotionnels qu'ils rencontreront en grandissant.

- Je présente ces compétences aux enfants comme des "super pouvoirs", englobent les aspects cognitifs (super pouvoirs du cerveau), émotionnels (super pouvoirs du cœur) et sociaux (super pouvoirs du lien avec les autres). L'objectif est de cultiver une atmosphère de classe bienveillante et respectueuse, propice à l'épanouissement de chaque élève.

·        Pourquoi les Compétences PsychoSociales dans ma classe ?

Mon déclic est venu lors d'une conférence de la pédiatre Catherine Gueguen en 2015 sur les neurosciences affectives. J'ai réalisé que la gestion des émotions est cruciale pour le développement de l’enfant et qu'il est essentiel de leur fournir des outils pour comprendre et gérer leurs ressentis. Depuis, j'ai intégré des pratiques qui encouragent une gestion positive des émotions et des conflits. Cela a transformé l'atmosphère de ma classe, en la rendant plus harmonieuse et en aidant les élèves à mieux interagir.

·        Comment développer ces compétences en classe ?

Pour vous aider à intégrer les Compétences PsychoSociales dans votre pratique quotidienne, plusieurs options sont possibles, que ce soit par des séances spécifiques, des activités collaboratives, ou des ressources ludiques (jeux). Voici cinq possibles mises en place concrètes :

1. Accueil personnalisé en classe

À leur arrivée, les élèves choisissent leur manière de saluer la classe : inclinaison sans contact,  «tchek » avec la main, câlin ou danse. Cela permet un accueil personnalisé et joyeux, créant un moment d'interaction positive dès le début de la journée. Voici la pancarte (qui évolue à la demande) :

2. Gestion immédiate des conflits :  

Dans le cadre de cette unité, il est crucial d’apprendre aux élèves à reconnaître et à gérer les conflits dès qu’ils surviennent. Pour éviter que les situations ou les sentiments ne s’enveniment, j’interviens immédiatement au moindre petit conflit (qui nous parait petit, mais pas pour les enfants).  Je prends le temps de discuter avec les élèves concernés, en leur permettant d’exprimer leurs émotions et leurs points de vue dans le respect de l’autre. Cette approche proactive m’aide à clarifier les malentendus et à enseigner aux élèves comment aborder les désaccords de manière constructive. Plus tard, lorsque la situation le permet, je leur offre l'occasion de régler un conflit ensemble, soit avec moi, soit devant un pair, afin de favoriser la responsabilisation et l’autonomie dans la gestion des conflits.

3. Introduction aux gestes respectueux : 

• La main magique :

Voici comment il fonctionne : Lorsqu’un élève veut me parler alors que je suis déjà occupée (par exemple, en train d’expliquer quelque chose à un autre élève), il pose doucement sa main sur mon avant-bras. Cela remplace le « Maîtreeeesssseee » habituel. Je pose ensuite ma main sur celle de l’élève (tout en continuant ce que je suis en train de faire), ce qui signifie que je l’ai vu et que je l’écouterai dès que j’aurai terminé. Cela évite des interruptions inutiles et peu constructives, comme « Tu ne vois pas que je suis occupée ! »

• Ma bulle, ta bulle, nos bulles :

Pour mes élèves, j’ai choisi l’image d’une bulle pour expliquer la notion de proxémie, c’est-à-dire l’importance des distances sociales. L’anthropologue Edward Hall, dès la fin des années 60, a défini différentes zones d’espace (Zone publique : à plus de 3,6 mètres de distance. Zone sociale : entre 1,25 et 3,6 mètres. Zone personnelle : entre 0,5 et 1,25 mètre. Zone intime : moins de 45 centimètres).

Notons que pour ces distances il existe de grandes différences interpersonnelles et interculturelles. J’utilise cette métaphore de la bulle pour aider les enfants de 4 à 5 ans à comprendre ces concepts. Par exemple, je leur explique que « La bulle d’espace, c’est celle dont j’ai besoin pour me sentir bien. Certains ont de très grandes bulles, et d’autres des plus petites. Il peut arriver que nos bulles se cognent, et c’est là que les disputes surviennent. »

4. Séances hebdomadaires de coopération et d’écoute (vous les retrouvez sur mon feed Instagram) :

En voici quelques exemples :

• Le cercle rouge : Les élèves doivent colorier ensemble un cercle en rouge avec peu de crayons. Au départ, ils se bousculent, mais rapidement, nous discutons des émotions ressenties et des solutions possibles. Cette activité leur apprend à coopérer et à gérer leurs frustrations.
• Les boulettes de papier : Les élèves doivent retrouver une boulette portant leur prénom parmi celles dispersées dans la salle. Ce jeu permet d’apprendre l’entraide et la patience.
• La course de bancs : Divisés en équipes, les élèves doivent traverser une zone sans poser le pied au sol. Les essais encouragent la réflexion et le soutien mutuel. Lorsqu’ils réussissent, la satisfaction collective renforce leur confiance en eux.
• Après chaque séance, je termine souvent par des moments de détente comme "la mer" ou "la douche chaude" où chaque enfant reçoit des compliments de ses camarades. Ces moments renforcent le bien-être émotionnel et l’estime de soi.

5. Activités et ressources ludiques pour explorer les CPS :  

En plus des séances en classe, vous pouvez utiliser des ressources telles que des jeux éducatifs pour renforcer les CPS de manière ludique. En voici un exemple : Jeu : La quête des bonbons.

Ce jeu, que j’ai conçu avec Bacdeclasse et que vous retrouverez sur mon blog, encourage la collaboration et la réflexion collective tout en développant les CPS des élèves autour de cinq grands thèmes : la découverte de soi, la gestion des émotions, la coopération, le respect des différences, et la créativité. Il permet aux enfants de renforcer leurs capacités de communication, de résolution de problèmes et de travail d’équipe.

6.  6. Albums et dossiers pédagogiques les accompagnant :

Vous pouvez travailler autour d’albums de jeunesse.

Exemple : les albums de Baptiste Beaulieu, dont vous trouverez le dossier pédagogique sur mon blog, pour aborder des thèmes émotionnels et sociaux à travers des histoires engageantes. Ces supports permettent aux élèves d’explorer des émotions complexes et de réfléchir aux valeurs humaines.

·        Comment intégrer cette infographie en classe ?

Pour aider vos élèves à s’approprier les CPS, cette infographie peut être un outil visuel et pratique que vous intégrerez directement dans votre espace de classe.

Voici quelques façons d’en faire un support actif dans vos activités quotidiennes :

1.   Affichage en classe :

Installez l’infographie dans un espace visible et central. Vous pouvez l'afficher près du tableau ou dans un coin calme où les élèves peuvent la consulter librement. En la rendant accessible, elle devient un rappel constant de leurs "SUPER POUVOIRS".

2.   Présentation et discussion :

Présentez l’infographie en début d’année ou de période, en expliquant chaque type de compétence. Vous pouvez encourager les élèves à poser des questions ou partager ce que chaque compétence signifie pour eux. Cette discussion aide à établir une base commune et à sensibiliser aux CPS.

3.   Référence pendant les activités et les séances CPS :

Lors des jeux, des ateliers ou des moments de régulation émotionnelle, faites référence à l’infographie pour montrer comment chaque activité renforce un type spécifique de compétence. Par exemple, vous pouvez dire : "Aujourd'hui, en travaillant la coopération dans La quête des bonbons, on renforce nos super pouvoirs de ton lien avec les autres."

4.   Utilisation comme point de ralliement pour la gestion des conflits et des émotions :

En cas de conflits ou de moments de frustration, invitez les élèves à repenser aux compétences qu’ils souhaitent activer pour trouver des solutions. Encouragez-les à identifier les "super pouvoirs" qui les aideront à mieux comprendre et gérer la situation (par exemple, les compétences du cœur pour l’empathie).

5.   Rituel d'auto-évaluation :

À la fin de chaque semaine ou après une activité CPS, proposez un moment de retour sur les compétences travaillées, en utilisant l’infographie comme guide. Les élèves peuvent partager un moment où ils ont activé un de leurs "super pouvoirs" en classe, favorisant ainsi une prise de conscience de leurs progrès.

6.   Objectifs personnels et collectifs :

Utilisez l’infographie pour aider les élèves à (se) fixer des objectifs liés aux CPS. Par exemple, chaque mois, ils peuvent choisir une compétence qu’ils souhaitent développer davantage, individuellement ou en groupe, et noter les actions qui peuvent les y aider.

En intégrant cette infographie dans votre quotidien de classe, vous créez un rappel constant et engageant des compétences que les élèves développent. Elle devient alors un véritable outil de sensibilisation et de motivation, tout en aidant à structurer votre enseignement des CPS.

Voici 2 versions de l'infographie : BD ou light :